Page:Constant - Adolphe.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il en résulte que beaucoup de choses qui nous paraissent des inconvenances, parce que nous n’y apercevons que les suites d’une passion, semblent aux Allemands légitimes et même respectables, parce qu’ils croient y reconnaître l’action d’un sentiment céleste.

Il y a de la vérité dans ces deux manières de voir ; mais suivant qu’on adopte l’une ou l’autre, l’amour doit occuper, dans la poésie comme dans la morale, une place différente.

Lorsque l’amour n’est qu’une passion, comme sur la scène française, il ne peut intéresser que par sa violence et son délire. Les transports des sens, les fureurs de la jalousie, la lutte des désirs contre les remords, voilà l’amour tragique en France. Mais lorsque l’amour, au contraire, est, comme dans la poésie allemande, un rayon de la lumière divine qui vient échauffer et purifier le cœur, il a tout à la fois quelque chose de plus calme et de plus