Page:Constant - Adolphe.djvu/70

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tience se changea tout à coup en timidité ; je m’habillai lentement ; je ne me sentais plus pressé d’arriver : j’avais un tel effroi que mon attente ne fût déçue, un sentiment si vif de la douleur que je courais risque d’éprouver, que j’aurais consenti volontiers à tout ajourner.

Il était assez tard lorsque j’entrai chez M. de P***. J’aperçus Ellénore assise au fond de la chambre ; je n’osais avancer, il me semblait que tout le monde avait les yeux fixés sur moi. J’allai me cacher dans un coin du salon, derrière un groupe d’hommes qui causaient. De là je contemplais Ellénore : elle me parut légèrement changée, elle était plus pâle que de coutume. Le comte me découvrit dans l’espèce de retraite où je m’étais réfugié ; il vint à moi, me prit par la main et me conduisit vers Ellénore. — Je vous présente, lui dit-il en riant, l’un des hommes que votre départ inattendu a le plus étonnés. — Ellénore parlait à une femme placée à côté d’elle. Lorsqu’elle me vit, ses paroles s’arrêtèrent sur ses lèvres ; elle