Page:Constant - Adolphe.djvu/71

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demeura tout interdite : je l’étais beaucoup moi-même.

On pouvait nous entendre, j’adressai à Ellénore des questions indifférentes. Nous reprîmes tous deux une apparence de calme. On annonça qu’on avait servi ; j’offris à Ellénore mon bras, qu’elle ne put refuser. — Si vous ne me promettez pas, lui dis-je en la conduisant, de me recevoir demain chez vous à onze heures, je pars à l’instant, j’abandonne mon pays, ma famille et mon père, je romps tous mes liens, j’abjure tous mes devoirs, et je vais, n’importe où, finir au plus tôt une vie que vous vous plaisez à empoisonner. — Adolphe ! me répondit-elle ; et elle hésitait. Je fis un mouvement pour m’éloigner. Je ne sais ce que mes traits exprimèrent, mais je n’avais jamais éprouvé de contraction si violente. Ellénore me regarda. Une terreur mêlée d’affection se peignit sur sa figure. — Je vous recevrai demain, me dit-elle, mais je vous conjure….. Beaucoup de personnes nous sui-