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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/106

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leurs défiances en patriotisme, le rappel d’un citoyen dont le rang, le nom, les habitudes n’avaient rien de commun avec les formes sévères d’un républicanisme nouveau. Elle surmonta tous les obstacles, vainquit toutes les répugnances, brava des soupçons qui empoisonnèrent sa vie entière, et rendit à l’ami dont elle était alors la seule protectrice le séjour de la France que, par cela même, elle dut bientôt quitter. Et là ne se borna point l’enthousiasme de son amitié active ; elle voulut, pour cet ami, des honneurs, des dignités, des richesses, elle voulut qu’il lui fût redevable de toute, son existence : elle réussit ; et après avoir contemplé la première fête qui constatait la prospérité dont elle était l’unique auteur, elle emporta dans l’exil la consolation du bien qu’elle avait fait, et le sentiment de la reconnaissance qu’avait méritée son dévouement. Mille exemples du même genre me seraient aisés à citer. Aussi ses amis comptaient sur elle comme sur une sorte de providence. Si, par quelque malheur imprévu, l’un d’entre eux eût perdu toute sa fortune, il savait où la pauvreté ne pouvait l’atteindre ; s’il eût été contraint à prendre la fuite, il savait dans quels lieux on le remercierait de choisir un asile ; s’il s’était vu plongé dans un cachot, il se serait attendu avec certitude que Mme de Staël y pénétrerait pour le délivrer. Parmi les affections qui ont rempli sa vie, son