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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/141

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ses efforts ne servirent qu’à fournir un exemple triste et mémorable du danger des alliances imprudentes. Ce danger est passé ; la royauté relevée, constituée, limitée, repose maintenant sur la nation ; et ceux-là seraient de funestes royalistes, qui s’obstineraient à la replacer sur d’autres bases, et à lui donner d’autres appuis. Bien que je n’aie voulu parler que de deux ouvrages de Mme de Staël, pour la présenter à la fois comme un de nos premiers poètes et comme un de nos publicistes les plus éclairés, je ne puis m’empêcher de dire quelques mots de ses « Dix années d’exil », qui ont provoqué de si vives, et j’ajouterai de si absurdes attaques. Deux accusations ont été dirigées contre elle. On lui a reproché d’être injuste pour Napoléon, et d’avoir oublié ce que, même exilée, elle devait à la France. Certes, je ne méconnais ni le génie extraordinaire, ni la force de volonté, ni surtout les talents militaires de l’homme qui a, durant quatorze années, gouverné les Français et dompté l’Europe ; mais j’ai toujours regardé, je regarderai toujours la persécution longue et obstinée qu’il a fait peser sur Mme de Staël comme un de ses actes de tyrannie les moins excusables de son règne, où néanmoins les actes de ce genre sont assez nombreux. Des hommes qui font retentir le ciel et la terre lorsqu’on commet contre eux la moindre