Page:Constant - La Druidesse.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ii

une fille, Bélisana, ainsi nommée parce qu’elle est prêtresse de Bélisana, déesse de la lune, compagne de Bel, le soleil. J’en fis une des neuf sènes.

D’autre part, je demandai à l’histoire bretonne de Vannes le nom de mon héros, Lez-Breiz, le David breton de la légende, et fils de Conan, roi de Vannes, ou Gwenet. Dans la guerre des Gaules, l’expédition de César contre les Vénètes me parut favorable, et je plaçai mon poème à cette époque.

Quant au plan du poème lui-même, le voici dans sa simplicité :

Les Vénètes, au champ druidique de Carnac, décident de secouer le joug, et de solliciter les autres Gaulois de l’Armorique à former une ligue secrète contre le tyran de la Gaule, César. L’âme de cette ligue est la jeune et belle Sène, Bélisana, fille de l’archidruide et barde, Hu, et de Camma, la prophétesse.

Echappée du massacre des vierges de l’île de Sène ou Sein, la druidesse s’est réfugiée sur l’îlot de Gavr-Ynys, près de la tombelle sacrée où reposent son père et sa mère. C’est de là qu’elle part, en couvrant ses pas, pour la mission que le Mallus des Vénètes lui a confiée ; et c’est là que, au jour dit, elle doit en rapporter l’issue. Lez-Breiz, fils de Conan, est le messager délégué pour venir apprendre, de la bouche même de la Sène, le résultat de ses démarches.

Touchée de la noblesse du jeune et brillant chef, de sa sagesse, de son amour pour la Gaule et de celui non moins ardent, bien que caché, qu’il lui garde, à elle-même, Bélisana sent son cœur envahi par une passion vive et profonde, mais non coupable : elle aime Lez-Breiz, mais dans l’espoir du glorieux Klaz-Merzin (l’autre vie). C’est dans la même espérance qu’aime le fils de Conan : l’objet de son amour est sacré dans cette vie.