Page:Constant - La Druidesse.djvu/49

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Ces feux accourent-ils des flancs de l’ouragan,
Flocons jaillis du Mor, vomis par l’océan ?
Est-ce l’essaim volant des familiers génies,
Par son éclat bravant les teintes rembrunies
Qui viennent de voiler l’auguste front d’argent !
Ou, fille du Plogoff, cette nuit, partageant
Le rite formidable et lugubre et terrible,
Que l’île de Sein garde à son écueil horrible,
Gavr-Ynys, vois-tu donc sur tes saintes hauteurs
Des Sènes tournoyer les flambeaux et les chœurs ?
Non, non, île du Mor, retraite encore libre,
A l’appel de ta Sène une grande âme vibre :
De la Gaule voici, sous le joug frémissants,
Les fils qui vont briser des fers avilissants.
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Tous les guerriers groupés autour de la tombelle
Contemplent un instant Bélisana la Belle,
Qui cherche, elle, un visage au milieu de ces fronts.
Les regards de l’amour sont regards sûrs et prompts :
Aussi les yeux du corps conduits par ceux de l’âme
Se rencontrent-ils vite, et du choc une flamme
Jaillit, pour eux couvrant tout l’éclat de ces feux.
Bélisana, Lez-Breiz, quels éloquents aveux !
Mais, amants, comprimez le feu qui vous dévore.
Le héros du Gwenet, vers celle qu’il adore
S’avance d’un pas lent, sa torche d’une main,
L’autre main sur son glaive, un glaive plus qu’humain,
Et livre à la tempête, en sa puissante allure,
Ainsi que son flambeau, sa blonde chevelure.
Deux braves l’ont suivi traînant le prisonnier.
La fille de Camma contemple le guerrier,
A grand’peine contient les bonds de sa poitrine ;
Et, quand le fier Lez-Breiz devant elle s’incline,