Page:Constant - La Druidesse.djvu/63

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Posant un long baiser sur ces sacrés débris,
La Sène se redresse et saisit sa faucille ;
« César, à toi ma haine ! Esus, entends ta fille !
« Par ton héros tombé ; par les larmes de sang
« Que tant verse la Gaule, et par son divin flanc,
« Où l’odieux Romain plonge et garde son glaive ;
« Par le jour qui finit et la nuit qui se lève ;
« Par le nom de Camma, de Hu, ta bouche d’or ;
« Par les ombres en pleurs, errantes sur le Mor,
« Par la terre et les cieux, Esus, père, vengeance !
« Ta froide main, Lez-Breiz ! mon cœur vers toi s’élance ! »
Et la serpe du Gui, sous l’énergique main,
Déchire la poitrine, entre dans le beau sein ;
Et la fière Gauloise, et l’amante fidèle,
Près du Gaulois sanglant tombe dans la nacelle !
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Le Mor silencieux, au courant de son eau
Emporte tristement le funèbre fardeau ;
Sur ces restes sacrés la nuit jette son voile ;
De la voûte des cieux, le regard d’une étoile
Tombe sur cet amour, victime du malheur ;
L’air y pose un soupir et la rosée, un pleur !
O flots libres encor, jusqu’aux rives voisines
Conduisez sûrement, comme deux orphelines,
Errant à l’aventure, en danger de l’écueil,
Ces deux nacelles sœurs, dont l’une est un cercueil !
Va, pauvre goëlette ! un arrêt inflexible
Te ravit ta prêtresse et ton onde paisible ;
La gloire des beaux jours s’éteint sur un tombeau !
Au ciel, Bélisana, que devient ton flambeau ?
N’as-tu pas pour ta fée un rayon qui la couvre,
Pour les deux cœurs unis, que même plaie entr’ouvre,