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VII

EXTRAITS D’UNE LETTRE À SA GRAND’MÈRE.

Bruxelles, 17 août 1819.

Je suis très chagriné que les circonstances obligent papa à me faire élever loin de vous : je voudrais ne vous quitter jamais et vous rendre tous les soins dont je suis capable. Je voudrais causer avec vous, songer avec vous, me promener avec vous. J’en serais beaucoup plus heureux et mon cœur serait bien plus satisfait. J’aurais de l’émulation parce que je voudrais vous plaire. Vous seriez l’objet de toutes mes occupations. Je ferais des vers pour vous, je ferais des pièces de musique pour vous, je vous réciterais les uns et j’exécuterais les autres. Lorsque vous voudriez m’entendre, je vous traduirais les belles odes d’Horace ; vous corrigeriez tout cela, et vous me donneriez du goût et du style. Dans les moments plus sérieux, je vous lirais de bonnes choses. Vous feriez des réflexions, vous me développeriez les pensées, vous en feriez naître et vous cultiveriez ma raison. Voilà, ma chère grand’-