Quelquefois on me questionnait sur la Chine[1].
Benjamin se faisait déjà remarquer par son érudition et son esprit. Son père le gênait quoiqu’il parlât peu. Quand mon oncle retourna à son régiment son fils n’en fut pas fâché.
Je me liai beaucoup avec mon cousin. Il prit du goût pour mademoiselle Pourras. Son père aurait voulu qu’il fit un riche mariage. Cette demoiselle avait une grande fortune et aurait volontiers accepté Benjamin. Mais madame Pourras avait l’ambition de faire de sa fille une femme titrée. La passion de Benjamin lui monta la tête ; il s’emporta comme une soupe au lait, il voulut s’empoisonner, et finit par faire une fugue, en Angleterre après avoir manqué son projet d’enlever la belle qui y avait à moitié consenti.
J’allai quelquefois chez M. Necker, où on voyait la cour et la ville, et plus souvent chez sa fille, à l’hôtel de Suède…
- ↑ Charles de Constant fit plusieurs voyages en Chine dont il existe une curieuse relation illustrée par lui-même (Bibliothèque de Genève, M. C C. de Constant).