Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux yeux duquel à vingt ans tout était décoloré, sans activité, sans énergie, sans désirs…

J’étais abattu, je souffrais, je pleurais. Si j’avais eu là mon consolant opium, c’eût été le bon moment pour achever en l’honneur de l’ennui, le sacrifice manqué par l’amour…


Madame de Charrière et ses amis, par Philippe Godet, t. I, pp. 353, 354, Genève, A. Jullien, 1906.


XVII

FUGUE EN ANGLETERRE.

Lettre à madame de Charrière.

Aimez-moi, malgré mes folies ; je suis un bon diable au fond. Excusez-moi auprès de M. de Charrière. Ne vous inquiétez absolument pas de ma situation. Moi je m’en amuse comme si c’était celle d’un autre. Je ris pendant des heures de cette complication d’extravagances, et quand je me regarde dans le miroir je me dis, non pas : « Ah ! James Boswell[1] ! » mais : « Ah !

  1. Allusion à un ancien prétendant de madame de Charrière.