Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/50

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restait malheureusement assez pour faire beaucoup de dettes. Une femme qui de Paris correspondait avec mon père l’avertit de ma conduite, mais lui écrivit en même temps que je pourrais tout réparer si je parvenais à épouser une jeune personne qui était de la société dans laquelle je vivais habituellement et qui devait avoir quatre-vingt-dix mille francs de rente. Cette idée séduisit beaucoup mon père, ce qui était fort naturel. Il me la communiqua dans une lettre qui contenait d’ailleurs beaucoup et de très justes reproches, et où il finissait par me déclarer qu’il ne consentirait à la prolongation de mon séjour à Paris que si j’essayais de réaliser ce projet avantageux et si je croyais avoir quelque chance de réussir.

La personne dont il s’agissait avait seize ans [1] et était très jolie. Sa mère m’avait reçu depuis mon arrivée avec beaucoup d’amitié. Je me voyais placé entre la nécessité de tenter au moins une chose dont le résultat m’aurait fort convenu, ou celle de quitter une ville où je m’amusais beaucoup pour aller rejoindre mon

  1. Voir Appendice XIV, p. 116.