moiselle Pourras entra, car elle n’y était pas pendant que je faisais toutes mes folies pour elle, et j’eus l’inconséquente délicatesse de seconder la mère dans ses efforts pour que la fille ne s’aperçût de rien. Mademoiselle Pourras arriva, toute parée pour aller à l’Opéra où l’on donnait le Tarare de Beaumarchais pour la première fois. Madame Pourras me proposa de m’y mener, j’acceptai : et mon empoisonnement finit, pour que tout fût tragi-comique dans cette affaire, par une soirée à l’Opéra. J’y fus même d’une gaieté folle, soit que l’opium eût produit sur moi cet effet, soit, ce qui me paraît plus probable, que je m’ennuyasse de tout ce qui s’était passé de lugubre, et que j’eusse besoin de m’amuser.
Le lendemain, madame Pourras, qui vit la nécessité de mettre un terme à mes extravagances, prit pour prétexte mes lettres à sa fille, dont elle feignit n’avoir été instruite que le jour même, et m’écrivit que j’avais abusé de sa confiance en proposant à sa fille de l’enlever pendant que j’étais reçu chez elle. En conséquence, elle me déclara qu’elle ne me recevrait plus, et pour m’ôter tout espoir et tout moyen de continuer mes tentatives, elle fit venir