Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/87

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vaux qu’avait mon hôte, le plus mauvais était seul au logis. Je n’eus donc pour monture qu’un tout petit cheval blanc, horriblement laid et très vieux[1].

Je partis le lendemain de bonne heure, et j’écrivis de dix à douze milles de là à mon hôte que j’avais rencontré un de mes amis qui allait voir les courses de chevaux à Nottingham et qui m’avait engagé à l’accompagner. Je ne savais pas les risques que je courais. La loi en Angleterre considère comme vol l’usage d’un cheval loué, pour une autre destination que celle qui a été alléguée. Il ne tenait donc qu’au propriétaire du cheval de me faire poursuivre ou de mettre mon signalement dans les journaux. J’aurais infailliblement été arrêté, traduit en justice, et peut-être condamné à la déportation dans les Îles ; ou tout au moins, j’aurais subi un procès pour vol, ce qui, même en supposant que j’eusse été absous, n’en aurait pas moins été fort désagréable et, vu mon escapade, aurait produit partout où l’on en était instruit un effet affreux. Enfin cela n’arriva pas. Le maître du cheval fut

  1. Voir Appendice XVIII, p. 122.