Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/88

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d’abord un peu étonné. Mais il alla alors à Wadenho où par bonheur il trouva M. Bridges qui arrivait, et qui, sur un mot que je lui avais adressé, répondit de mon retour.

Quant à moi, ne me doutant de rien, je fis le premier jour une vingtaine de milles, et je couchai à Kettering, petit village du Leicestershire, autant qu’il m’en souvient. Ce fut alors que commença vraiment et pour la première fois le bonheur d’indépendance et de solitude que je m’étais promis si souvent. Jusqu’alors, je n’avais fait qu’errer sans plan fixe, et mécontent d’un vagabondage que je trouvais avec raison ridicule et sans but. Maintenant j’avais un but, bien peu important, si l’on veut, car il ne s’agissait que d’aller faire à des amis de collège une visite de quinze jours. Mais enfin, c’était une direction fixe, et je respirais de savoir quelle était ma volonté.

J’ai oublié les différentes stations que je fis en route, sur mon mauvais petit cheval blanc ; mais ce dont je me souviens, c’est que toute la route fut délicieuse[1]. Le pays que je traversai

  1. Voir Appendice XIX, p. 123.