Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/93

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Mais ce n’est ni le goût de l’amusement, ni l’ennui, aucun des motifs qui, d’ordinaire, décident les hommes dans l’habitude de la vie qui me font agir. Il faut qu’une passion me saisisse pour qu’une idée dominante s’empare de moi et devienne une passion. C’est ce qui me donne l’air assez raisonnable, aux yeux des autres qui me voient, dans les intervalles des passions qui me saisissent, me contenter de la vie la moins attrayante, et ne chercher aucune distraction.

Le Westmoreland et le Cumberland dans sa belle partie, car il y en a une qui est horrible, ressemblent en petit à la Suisse. Ce sont d’assez hautes montagnes dont la cime est enveloppée de brouillards au lieu d’être couverte de neige, des lacs semés d’îles verdoyantes, de beaux arbres, de jolis bourgs, deux ou trois petites villes propres et soignées. Ajoutez à cela cette liberté complète d’aller et de venir sans qu’âme qui vive s’occupe de vous, et sans que rien rappelle cette police dont les coupables sont les prétextes, et les innocents le but. Tout cela rend toutes les courses en Angleterre une véritable jouissance. Je vis à Keswick, dans une espèce de