Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souvent plus d’une heure, le jetait dans un véritable désespoir. Je me serais volontiers pourtant résigné à rester indéfiniment chez M. Bridges, tant je commençais à avoir peur de me présenter devant mon père ; mais comme il n’y avait plus moyen de prolonger, je fixai le jour de mon départ. J’avais rendu au propriétaire le fidèle petit cheval blanc qui m’avait porté durant tout mon voyage : une passion pour cette manière d’aller me fit imaginer d’en acheter un sans songer à la difficulté que j’aurais à le sortir d’Angleterre. M. Bridges me servit de caution, et je me retrouvai sur la route de Londres, beaucoup mieux monté et fort content de mon projet de retourner de la sorte jusque chez mon père. J’y arrivai, je ne sais quel jour de septembre, et toutes mes belles espérances se dissipèrent. J’avais pu très bien expliquer à M. Bridges pourquoi je me trouvais sans argent chez lui. Mais je ne l’avais pas mis dans la confidence que je serais tout aussi embarrassé à Londres. Il croyait au contraire qu’une fois rendu là, les banquiers auxquels mon père avait dû m’adresser me fourniraient les fonds dont j’aurais besoin. Il ne m’avait donc prêté en argent