Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/97

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comptant que ce qu’il me fallait pour y arriver.

Le plus raisonnable eût été de vendre mon cheval, de me mettre dans une diligence et de retourner le plus obscurément et le moins chèrement que j’aurais pu au lieu où il fallait enfin que je me rendisse. Mais je tenais au mode de voyager que j’avais adopté, et je m’occupai à trouver d’autres ressources. Kentish me revint à l’esprit ; j’allai le voir, il me promit de me tirer d’embarras, et sur cette promesse, je ne m’occupai plus que de profiter du peu de temps pendant lequel je jouissais encore d’une indépendance que je devais reperdre si tôt. Je dépensai de diverses manières le peu qui me restait, et je me vis enfin sans le sol. Des lettres de mon père, qui me parvinrent en même temps, réveillèrent en moi des remords que les désagréments de la situation ne laissaient pas que d’accroître. Il s’exprimait avec un profond désespoir sur toute ma conduite, sur la prolongation de mon absence, et me déclarait que, pour me forcer à le rejoindre, il avait défendu à ses banquiers de subvenir à aucune de mes dépenses. Je parlai enfin à Kentish qui, changeant de langage, me dit que j’aurais dû ne pas me mettre dans cette position au lieu