Les bons petits nains, touchés de ses prières, eurent pitié de lui et lui permirent d’emporter le cercueil. Les gens du prince le soulevèrent sur leurs épaules ; mais, ayant heurté du pied une grosse racine, ils tombèrent, et par l’effet du choc, le cœur de la pomme sortit du gosier de Blanche-Neige. Presque aussitôt, elle rouvrit les yeux, se redressa et dit :
« Mon Dieu ! où suis-je ?
— Avec moi qui t’aime plus que tout au monde ! s’écria le fils de roi plein de joie. »
Et il lui raconta ce qui s’était passé.
« Viens avec moi dans le château de mon père, dit-il, et tu seras ma femme. »
Et Blanche-Neige sentit bien qu’elle l’aimait aussi, et elle s’en fut avec lui, et la noce fut préparée en grande pompe.
On n’oublia pas d’inviter la méchante belle-mère à la fête. Lorsqu’elle se fut parée de ses plus riches atours, elle se mit devant son petit miroir et dit :
- « Petit miroir, petit miroir,
- Quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Le miroir répondit :
- « Madame la reine, vous êtes la plus belle ici;
- Mais la jeune reine est plus belle que vous ! »
La méchante femme se récria de fureur ; dans son trouble, elle ne savait plus que faire. Tout d’abord, elle ne voulait plus aller à la noce ; mais bientôt elle changea de résolution et n’eut point de repos qu’elle ne fût partie pour voir la jeune reine.
Et lorsqu’elle entra, elle reconnut Blanche-Neige et resta immobile de terreur et d’angoisse.