Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/38

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Il en advint réellement ainsi que la reine l’avait prédit. Bientôt après, par un soir d’orage, comme la pluie et le vent battaient les fenêtres, on frappa à la porte du château royal, les domestiques ouvrirent, et une jeune fille d’une beauté merveilleuse entra, demandant à être conduite immédiatement devant le roi.

Le roi fut étonné d’une visite à pareille heure, et s’informa d’où venait l’inconnue, qui elle était, ce qu’elle désirait ?

« Je viens d’un pays lointain, dit-elle ; je suis la fille d’un roi puissant. Lorsque votre lettre est parvenue avec le portrait de votre fils dans le royaume de mon père, j’ai senti naître en moi un grand amour pour ce prince et je suis partie avec l’intention de devenir sa femme.

— Voilà qui me paraît un peu étrange, repartit le roi, et vous n’avez nullement l’air d’une princesse. Depuis quand une princesse voyage-t-elle sans suite et vêtue d’aussi mauvaises robes ?

— La suite n’aurait fait que me retarder, reprit-elle ; quant à la couleur de mes robes, le soleil l’a pâlie et la pluie l’a effacée entièrement. Si vous ne croyez pas que je sois une princesse, envoyez une ambassade à mon père.

— C’est trop d’embarras, dit le roi ; une ambassade ne saurait voyager aussi vite que vous. Les gens doivent avoir le temps nécessaire, et il se passerait des années avant qu’ils fussent de retour. Si vous ne pouvez prouver autrement que vous êtes une vraie princesse, vous n’avez que faire ici et le mieux sera pour vous de retourner au plus vite dans votre pays.

— Laisse-la rester, dit alors la reine, je veux la mettre à l’épreuve, et je saurai avant peu si c’est une princesse véritable. »

La reine monta ensuite elle-même à la tour du château