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Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/59

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trouver aide ni conseil, dans sa tristesse elle se mit à la fenêtre. Alors, elle vit venir trois femmes dont la première avait un gros pied large, l’autre une lèvre si épaisse qu’elle lui pendait jusqu’au menton, et la troisième un pouce plat. Quand elles furent au-dessous de la fenêtre, elles s’arrêtèrent, regardèrent en haut et demandèrent à la jeune fille ce qu’elle avait. Elle leur raconta ses tourments ; les trois inconnues lui proposèrent de l’aider et lui dirent :

« Veux-tu nous inviter à ta noce, ne pas être honteuse de nous, nous appeler tes cousines et nous placer à table avec toi ? Nous te filerons ce lin, et en peu de temps !

— De tout mon cœur, répliqua-t-elle ; entrez seulement, et commencez tout de suite votre tâche. »

Elle fit donc entrer ces trois femmes étranges ; puis elle leur ménagea une niche dans le lin de la première chambre, où elles s’assirent pour filer. L’une tirait le fil et faisait aller le rouet ; la seconde mouillait le fil ; la troisième le tordait et frappait la table avec son doigt ; et chaque fois qu’elle frappait, un écheveau du fil le plus fin tombait à terre. La jeune fille cachait les trois fileuses à la reine et lui montrait, à chaque visite, la masse de lin filé qui s’élevait, si bien que celle-ci ne trouvait pas assez de compliments pour elle.

La première chambre épuisée, on attaqua la seconde, puis la troisième qui fut bientôt vide aussi. Alors les trois femmes prirent congé de la jeune fille, en lui disant :

« N’oublie pas ce que tu nous as promis ; ce sera le gage de ton bonheur. »

Quand la jeune fille eut montré à la reine les chambres vides et l’amas de lin filé, ce fut vite fait d’arranger la noce ; et le fiancé, ravi d’avoir une femme si habile et si active, lui en fit ses compliments.