Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/101

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Si j’allois chercher cette Bête terrible, reprenoit prudemment la Belle, avec l’espérance d’être heureuse, il ne seroit pas impossible que cet espoir ne m’abandonnât en la voyant ; mais comme je compte sur une mort prochaine, & que je la crois assurée, que m’importe que, ce qui me la doit donner, soit agréable ou hideux.

En s’entretenant ainsi la nuit vint, & le cheval ne marcha pas moins dans l’obscurité. Par le plus surprenant spectacle elle se dissipa tout d’un coup. Ce furent des fusées de toutes façons, des pots à feu, des moulinets, des soleils, des gerbes & tout ce que l’artifice peut inventer de plus beau qui vinrent frapper les yeux de nos deux voiageurs. Cette lumière agréable & imprevue écrivant toute la forêt répandit dans l’air une douce chaleur, qui commençoit à devenir nécessaire, par