Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bougies parfumées, mises dans des lustres ou transparens ou de différentes couleurs, & non de cristal, mais de diamans & de rubis.

A l’heure ordinaire la Belle trouva son soupé servi avec la même délicatesse & avec la même propreté. Nulle figure humaine ne se présenta devant elle ; son pere l’avoit prévenue qu’elle seroit seule. Cette solitude commençoit à ne lui plus faire de peine, quand la Bête se fit entendre à ses oreilles. Ne s’étant point encore trouvée seule avec elle, ignorant comment cette entrevue alloit se passer, craignant même qu’elle ne vînt la dévorer, pouvoit-elle ne pas trembler ? Mais l’arrivée de la Bête qui dans son abord ne montra rien de furieux, ses frayeurs se dissiperent. Ce monstrueux colosse lui dit grossiérement, bon soir, la Belle ; elle lui