Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/149

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plus familière avec la Bête, soit par l’habitude de la voir, soit par la douceur qu’elle trouvoit dans son caractère, elle crut pouvoir lui demander une chose ; elle ne prit cette liberté qu’après avoir obtenu d’elle, qu’elle ne se mettroit point en colere. La question qu’elle lui fit fut, s’ils étoient tous deux seuls dans ce Château. Oui, je vous le proteste, répondit le Monstre avec une sorte de vivacité, & je vous affirme que vous & moi, les Singes, & les autres Bêtes, sont les seuls Etres respirans qui soient en ce lieu.

La Bête n’en dit pas davantage, & sortit plus brusquement qu’à l’ordinaire.

La Belle n’avoit fait cette demande, que pour essayer à s’instruire si son amant n’étoit point dans ce Palais. Elle eût souhaité de le voir & de l’entretenir ; c’étoit un bonheur qu’elle eût acheté du