Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/150

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prix de sa liberté, & même de tous les agrémens qui l’environnoient. Ce charmant jeune homme n’existant plus que dans son imagination, elle regardoit ce Palais comme une prison, qui deviendroit son tombeau.

Ces tristes idées vinrent encore l’accabler la nuit. Elle crut être au bord d’un grand canal. Elle s’affligeoit quand son cher Inconnu, tout allarmé de son état triste, lui dit en pressant tendrement ses mains dans les siennes : Qu’avez-vous, ma chere Belle, qui puisse vous déplaire, & qui soit capable d’altérer votre tranquillité ? Au nom de l’amour que j’ai pour vous, daignez vous expliquer. Rien ne vous sera refusé. Vous êtes ici l’unique Souveraine, tout est soumis à vos ordres. D’où vient l’ennui qui vous accable ? Seroit-ce la vue de la Bête qui vous chagrine ? il faut vous en délivrer. A ces mots la