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mina cette richesse chimérique. Pour comble de désagrément, afin de ne pas hâter sa ruine, il fut obligé de partir dans la saison la plus incommode, & le tems le plus effroyable. Exposé sur la route à toutes les injures de l’air, il faillit périr de fatigue ; mais quand il se vit à quelques lieues de sa maison, de laquelle il ne comptoit pas sortir pour courir après de folles esperances, que la Belle avoir eu raison de mépriser, les forces lui revinrent.

Il lui falloit plusieurs heures pour traverser la forêt, il étoit tard, cependant il voulut continuer sa route ; mais surpris par la nuit, pénétré du froid le plus piquant, & enseveli pour ainsi dire sous la neige avec son cheval, ne sachant enfin où porter ses pas, il crut toucher à sa derniere heure. Nulle Cabane sur sa route, quoique la forêt en fut rem-