Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/97

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la Belle seule le touchoit, que malgré les malheurs dont elle étoit cause, il étoit fâché que ce ne fut pas une de ses aînées qui payât son imprudence.

De si injustes discours le forcèrent à ne plus insister. D’ailleurs la Belle venoit de l’assurer que quand il n’accepteroit pas l’échange, elle le feroit malgré lui, puisqu’elle iroit seule chercher la Bête, & qu’elle se perdroit sans le sauver. Que sait-on ? dit-elle, en s’efforçant de temoigner plus de tranquillité qu’elle n’en avoit, peut-être que le sort effroyable qui m’est destiné en cache un autre aussi fortuné qu’il paroît terrible.

Ses sœurs, en l’entendant parler ainsi, sourioient malicieusement de cette chimerique pensée ; elles étoient ravies de l’erreur dans laquelle elles la croioient. Mais le vieillard vaincu par toutes ses raisons & se re-