Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/98

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souvenant d’une ancienne prédiction, par laquelle il avoit appris que cette fille lui devoit sauver la vie, & qu’elle seroit la source du bonheur de tout sa famille, cessa de s’opposer à la volonté de la Belle. Insensiblement on parla de leur départ comme d’une chose presqu’indifférente. C’étoit elle qui donnoit le ton à la conversation, & si dans leur présence elle paroissoit compter sur quelque chose d’heureux, ce n’étoit uniquement que pour consoler son pere & ses freres, & ne pas les allarmer davantage. Quoique mécontente de la conduite de ses sœurs à son égard, qui paroissoient comme impatientes de la voir partir, & qui trouvoient que le mois s’écoulait avec trop de lenteur, elle eut la générosité de leur partager tous les petits meubles, & les bijoux qu’elle avoit en sa disposition.