Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/50

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Fée avoit gardé le silence, pendant tous ces discours, ne fut pas le maître de le garder plus longtems, & son respect à des ordres si fâcheux, ne fut plus capable de le contenir. Il se jetta aux pieds de la Fée & de sa mere : il les pria avec la plus vive instance de ne le pas rendre plus malheureux qu’il n’étoit en éloignant la Belle, & en le privant du bonheur d’être son Epoux.

A ces mots la Belle le regardant d’un air rempli de tendresse, mais accompagné d’une noble fierté, lui dit : je ne puis, Prince, vous cacher les sentimens que j’ai pour vous. Votre désenchantement en est une preuve, & je les voudrois en vain déguiser. J’avoue sans rougir, que je vous aime plus que moi-même. Pourquoi le dissimulerois-je ? On ne doit désavouer que les mouvemens criminels. Les miens sont emplis d’innocence, &