Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/52

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Généreuse Fée, s’écria le Prince en joignant les mains d’une façon suppliante, de grâce empêchez que la Belle ne parte, & rendez-moi plutôt ma monstrueuse figure. A cette condition je resterai son Epoux, elle a donné sa foi à la Bête, & je préfère cet avantage à tous ceux qu’elle me procure, si je n’en puis jouir sans les payer si chèrement.

La Fée ne répondit rien. Elle regardoit fixement la Reine qui étoit touchée de tant de vertus, mais dont l’orgueil n’étoit pas ébranlé. La douleur de son fils l’affligeoit sans pouvoir oublier que la Belle étoit fille d’un Marchand, & rien davantage. Cependant elle appréhendoît le Courroux de la Fée, dont l’air & le silence marquoient assez l’indignation. Son embarras étoit extrême. N’ayant pas la force de dire un mot, elle craignoit de voir finir d’une façon funeste une