Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/53

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conversation, dont l’intelligence protectrice étoit offensée. Personne ne parla pendant quelques momens, mais la Fée enfin rompit le silence, & jettant un regard affectueux sur les Amans elle leur dit :

Je vous trouve dignes l’un de l’autre. On ne pourroit sans crime songer à séparer tant de mérite. Vous resterez unis, c’est moi qui vous le promets. J’ai assez de pouvoir pour l’exécuter. La Reine à ces paroles frémit : elle eût ouvert la bouche pour faire quelques représentations, mais la Fée la prévint en lui disant : Pour vous, Reine, le peu de cas que vous faites d’une vertu dépouillée des vains ornemens que vous estimez seuls, m’autoriseroit à vous faire des reproches amers. Mais je pardonne cette faute à la fierté que vous inspire le rang que vous tenez, & je ne prendrai pas d’au-