Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tre vengeance, que celle que je tire de la petite violence que je vous fais, de laquelle vous ne ferez pas longtems sans me rendre grace.

La Belle à ces paroles embrassa les genoux de la Fée, & s’écria : Ah ! ne m’exposez pas à la douleur de m’entendre reprocher toute ma vie que je suis indigne du rang où votre bonté me veut élever ; songez que le Prince qui croit à présent que son bonheur consiste dans le don de ma main, pensera peut-être comme la Reine, avant qu’il soit peu.

Non, non, la Belle, ne craignez rien, reprit la Fée. Les malheurs que vous prévoyez ne peuvent arriver. Je sais un moyen sûr de vous en préserver, & quand le Prince seroit capable de vous mépriser après vous avoir épousée, il faudroit qu’il en cherchât un autre sujet que dans l’inégalité des conditions. Votre naissance n’est point inférieure à la sienne. L’a-