Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/37

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double de celle qu’on faisoit ailleurs. Cependant on y avoit absolument renoncé, & qui que ce soit n’y osoit aller.

On imputoit tous les accidens qui arrivoient à une lieue à la ronde au Meûnier & à sa femme, qu’on disoit, être abonés avec les esprits malins pour faire périr tous ceux qui approcheroient de leur séjour.

Ce qui donnoit le plus de sujet à ces soupçons, c’étoit leur humeur solitaire. Les terres qui environnoient leur moulin, leur appartenoient, & sans sortir de cette enceinte ni avoir de commerce avec personne, ils vivoient retirés chez eux où il n’étoit pas possible de sçavoir ce qu’ils faisoient.

Cette vie singuliere, & le péril qu’il y avoit à les aller visiter, les rendoit si redoutables, qu’ils