Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/36

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endroit extrêmement désert, un moulin qu’on appelloit le moulin de malheur. Il avoit été nommé de la sorte, parce que depuis bien des années il n’y avoit jamais été personne à qui il ne fût arrivé en chemin quelqu’accident fâcheux : beaucoup de gens n’en étoient point revenus, sans qu’il eût été possible de sçavoir ce qu’il leur étoit arrivé, & les moins malheureux étoient ceux qui repassoient avec quelques membres disloqués, ou avec des morsures de bêtes vénimeuses, ou féroces. Les dangers inévitables qui environnoient ce funeste moulin, en avoient éloigné tout le monde, & on n’y alloit plus du tout, quoique l’on n’ignorât pas, que malgré les malheurs que l’on éprouvoit alentour, la farine qui en venoit ne laissoit pas d’être excellente, & valoit toujours le