Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/6

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loin de faire du chagrin à celui qu’elle auroit voulu fâcher, n’en étoient seulement pas remarqués, tandis qu’ils excitoient mille éclats de rire, que les jeunes gens qui accompagnoient le Chasseur jettoient sans aucuns ménagements, & qui au lieu d’essayer à appaiser la belle Fruitiere, se divertissoient à donner encore une nouvelle matiere à sa colère.

Les uns lui demandoient, en feignant une politesse dont elle n’étoit pas la dupe, où elle avoit pris une si noble éducation ; comment elle faisoit pour avoir tant de douceur ; & qui lui avoit enseigné à parer ses fruits d’un air si appétissant. Un autre lui représentoit qu’elle avoit pris trop de peine pour apporter jusques-là cette belle confiture, qui étoit sans doute échapée aux Païsans du voisinage. Enfin ils pousserent leurs