Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/125

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Quoique Pigriéche leur dit tout ce qu’elle crut plus propre à leur faire changer de dessein, c’étoit en vain qu’elle déployoit sa pétulente éloquence, elle parloit à des sourds, & quoique la crainte de la mort, & d’une mort qui assuroit la vie de sa rivale, lui eût redonné la force & la rage que sa foiblesse avoit suspenduë, ceux qui l’écoutoient ne changerent pas pour cela de dessein, & ils ne firent que rire des fureurs de cette forcenée.

Cependant, comme ses clameurs troubloient le repos de tout le monde, & qu’ils empêchoient les Matelots d’entendre les ordres qu’on leur donnoit pour la manœuvre, le Conducteur du vaisseau après l’avoir plusieurs fois menacée de hâter la fin de sa vie, en la jettant à la mer, s’avisa d’un autre expedient