Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/126

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pour la faire taire, ce fut de lui mettre un bâton dans la bouche & de le lui attacher bien ferme derriere la tête, en faisant passer les liens qui le tenoient ; ce qui lui fit demeurer la bouche ouverte sans qu’elle pût proferer un mot, ni même pousser un cri ; & pour l’empêcher de détacher ce bâton, il eut la précaution de lui lier les mains. Ce ne fut pas tout, & les infortunes de Pigriéche n’étoient pas à leur terme ; car les roseaux dont Liron l’avoit délivrée en sollicitant les Nayades en sa faveur, revinrent avec plus d’abondance que jamais au même moment qu’on étoit prêt de descendre à terre.

Ce prodige effraya tous ceux du vaisseau, & ils ne douterent plus que Pigriéche ne fût une Magicienne ; ce qui obligea l’Equipage à veiller de plus près sur elle, dans la crainte qu’elle ne leur échapât.