Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/148

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tristes Victimes, emportées ainsi par les eaux, plaignit leur destinée, & les perdant bien-tôt de vûë, ne douta point qu’ils n’eussent trouvé en cet élement le sort qu’ils avoient été condamnés à trouver dans celui du feu.

Aussi-tôt qu’ils eurent disparu, la riviere devint calme & se remit dans son lit ; ne laissant d’autre marque de son passage qu’un limon effroyable. Cependant le peuple crioit au prodige, disoit que leur Dieu avoit voulu épargner au Roy & au Prince la honte de périr par la main des boureaux.

Ambitieux, qui s’embarrassoit peu de ces discours, & à qui il étoit indifférent que ce fût par le secours du feu ou de l’eau, qu’il fut délivré de ses ennemis, triomphoit de cette avanture. Le seul bien qui manquoit à sa joie, c’étoit que Lisimene n’eût pas été