Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/241

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tout ce qui pourroit effacer de son esprit le souvenir de ses malheurs. Mais Richarde, que la perte de tout ce qu’elle avoit eu de cher au monde, jettoit dans le dernier accès du desespoir & de la fureur, plus irritée que reconnoissante, paya le Roi de son compliment, suivant le mérite de sa puérile bonté.

Tu ne me connois pas encore, foible Monarque (dit-elle à son époux avec des mouvemens de rage qui faisoient trembler les spectateurs) tu ignores tous mes crimes ; (ajoûta-t-elle) mais puisque j’ai eu le malheur de ne pouvoir consommer celui que j’avois médité, je veux du moins me donner la satisfaction de te l’apprendre, & de t’assurer que la seule consolation que je pourrois recevoir dans l’état où je suis, ce seroit d’avoir la douceur de recommencer à tourmenter, toi, ta fille, & ton gendre. Alors elle lui fit le détail de tous ses crimes, n’oubliant pas sur tout celui du funeste attentat de la bougie qui lui avoit