Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/242

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coûté sa trop chere Pigriéche. Mais j’ai été toujours malheureuse (continua-t-elle) & je n’ai jamais rien entrepris contre ta fille qui ne soit devenu fatal à la mienne ; me voilà enfin parvenuë à m’en priver, par la même voye que je croyois prendre pour l’élever au trône, il est tems de la suivre ; & je veux enfin te rendre un service important en t’épargnant la peine de me punir, ou la honte de me pardonner. A ces mots cette furieuse voyant une fenêtre ouverte, s’élança à travers.

Comme le récit de tant de noirceurs avoir rendu les spectateurs immobiles, elle ne trouva aucun obstacle à la justice qu’elle se vouloit rendre ; le Roi cria en vain qu’on la secourût ; & d’ailleurs quels secours auroit-on pu lui donner, le lieu d’où cette enragée venoit de se précipiter étoit si élevé, qu’elle se brisa au point, qu’à peine son corps pouvoit-il paroître avoir été un corps humain.

Malgré toutes les horreurs dont Richarde venoit de se déclarer coupable, le Roi fut touché de sa mort : mais comme ce trait de compassion ne venoit que