Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/44

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crifier ; car elle ne haïssoit pas moins Lisimene que sa fille pouvoit la haïr. Cet intérêt étant suffisant pour détruire tous les avantages qu’elle tiroit de Liron, tout auroit cédé aux plaisirs de satisfaire cette chere fille, si un motif plus pressant ne l’avoit retenuë, ce fut la crainte des suites.

Quoique cette habitation fut fort éloignée de tout commerce humain, elle ne l’étoit pourtant pas assez pour qu’il lui fut aisé d’entreprendre de donner impunément la mort à Liron. Si cette action étoit découverte, c’étoit s’exposer à un supplice inévitable. Les violences de cette nature étant punies très-rigoureusement par la justice de la Ville, qui faisoit une ronde continuelle aux allantours des lieux les plus solitaires ; d’ailleurs, comment pouvoir se flatter de poignarder la Princesse, sans