Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/78

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faire des éclats de rire, qui portoient mille coups de poignard au cœur de Pigriéche, & ces coups lui paroissoient d’autant plus douloureux, que plus elle voyoit Parfait, & plus elle en devenoit éprise. Les piqueures qu’elle avoit souffertes ne lui avoient pas causé tant de peine que celles qu’elle ressentoit de la joie du Prince, au récit que lui faisoit Lisimene.

Ce tourment cessa enfin par la retraite de Parfait, que sa Princesse força de s’éloigner. A peine fut-il parti qu’elle rassembla son troupeau & regagna sa maison, tandis que Pigriéche sortoit furieuse de son arbre. Ce qu’elle avoit entendu mettoit le comble à sa rage. Mais cependant elle avoit dans son malheur une maligne joie d’être instruite des plus secrettes affaires de ces jeunes Amans, & se promettoit bien d’en