Page:Contes des Fées, par Perrault, Mme D’Aulnoy, Hamilton et Mme Leprince de Beaumont, 1872.djvu/272

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rubis et de diamants ; il avait une couronne d’œillets, ses cheveux couvraient ses épaules. Aussitôt qu’il vit la reine, il mit un genou en terre, et la salua respectueusement. « Ah ! mon fils, mon aimable œillet, lui dit-elle, le temps fatal de votre enchantement vient de finir, par le secours de la belle Fortunée ; quelle joie de vous voir ! » Elle le serra étroitement entre ses bras ; et, se tournant ensuite vers la bergère : « Charmante princesse, lui dit-elle, je sais tout ce que la poule vous a raconté ; mais ce que vous ne savez point, c’est que les Zéphirs que j’avais chargés de mettre mon fils à votre place, le portèrent dans un parterre de fleurs ; pendant qu’ils allaient chercher votre mère, qui était ma sœur, une fée qui n’ignorait rien des choses les plus secrètes, et avec laquelle je suis brouillée depuis longtemps, épia si bien le moment qu’elle avait prévu dès la naissance de mon fils, qu’elle le changea sur-le-champ en œillet, et, malgré ma science, je ne pus empêcher ce malheur. Dans le chagrin où j’étais réduite, j’employai tout mon art pour chercher quelque remède, et je n’en trouvai point de plus assuré que d’apporter le prince œillet dans le lieu où vous étiez nourrie, devinant que lorsque vous auriez arrosé les fleurs de l’eau délicieuse que j’avais dans un vase d’or, il parlerait, il vous aimerait, et qu’à l’avenir rien ne troublerait votre repos ; j’avais même le jonc d’argent qu’il fallait que je reçusse de votre main, n’ignorant pas que ce serait la marque à quoi je connaîtrais que l’heure approchait où le charme perdait sa force, malgré les rats et les souris que notre ennemie devait mettre en campagne, pour vous