Page:Contes des Fées, par Perrault, Mme D’Aulnoy, Hamilton et Mme Leprince de Beaumont, 1872.djvu/427

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servir en personne, ou envoyassent un de leurs enfants, qui fussent bien équipés d’armes et de chevaux, et disposés à seconder toutes ses entreprises.

Il y avait vers la frontière un vieux seigneur, âgé de quatre-vingts ans, tout plein d’esprit et de sagesse, mais si mal partagé des biens de la fortune, qu’après en avoir possédé beaucoup, il se voyait réduit dans une espèce de pauvreté, qu’il aurait soufferte patiemment, si elle ne lui avait pas été commune avec trois belles filles qui lui restaient. Elles avaient tant de raison, qu’elles ne murmuraient pas de leurs disgrâces, et si par hasard elles en parlaient à leur père, c’était plutôt pour le consoler que pour rien ajouter à ses peines.

Elles passaient leur vie avec lui sans ambition, sous un toit rustique, lorsque l’ordonnance du roi parvint aux oreilles du vieillard ; il appela ses filles, et les regardant tristement, qu’allons-nous faire, leur dit-il ? Le roi ordonne à toutes les personnes distinguées de son royaume de se rendre près de lui, pour le servir contre l’empereur, ou il les