Page:Contes des Fées, par Perrault, Mme D’Aulnoy, Hamilton et Mme Leprince de Beaumont, 1872.djvu/452

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Le chevalier entra dans une hôtellerie, bien moins pour se reposer que pour prendre les bons avis de son joli cheval. Quand chacun se fut retiré, il descendit dans l’écurie, et lui dit : « Camarade, que ferons-nous pour vaincre le dragon ? — Seigneur, lui dit-il, j’y rêverai cette nuit et je vous en rendrai compte demain matin. » Il lui dit, lorsqu’il y retourna : « Je suis d’avis que Fine-Oreille écoute si le dragon est proche. » Aussitôt Fine-Oreille se coucha par terre ; il entendit les cris du dragon qui était encore à sept lieues de là. Quand le cheval le sut, il dit à Fortuné : « Commandez à Trinquet d’aller boire toute l’eau du grand étang, et que Forte-Échine porte assez de vin pour le remplir ; il faudra mettre autour des raisins secs, du poivre, et plusieurs choses qui altèrent ; commandez aussi que les habitants se renferment chacun dans leur maison, et vous-même, seigneur, ne sortez pas de celle que vous choisirez avec tous vos gens. Le dragon ne tardera pas de venir boire à l’étang ; le vin lui semblera bon et vous verrez qu’on en viendra à bout. »

Dès que Camarade eut achevé de régler ce qu’on devait faire, chacun s’employa à ce qui lui était ordonné. Le chevalier entra dans une maison dont la vue donnait sur l’étang. Il y était à peine, que l’affreux dragon, vint ; il but un peu, ensuite il mangea le déjeuner qu’on lui avait préparé, puis il but tant et tant qu’il s’enivra. Il ne pouvait plus se remuer ; il était couché sur le côté sa tête penchée et ses yeux fermés. Quand Fortuné le vit ainsi, il jugea bien qu’il n’y avait pas un moment à perdre ; il sortit l’épée à la main, il l’attaqua avec un cou-