Page:Contes espagnols, trad. Contamine de Latour et Fouché-Delbosc, 1889.djvu/132

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et, depuis, Briarée aux cent bras laissa dans chaque roc isolé, dans chaque pyramide solitaire, un perpétuel témoin de sa douleur.

Dieu, en récompense, tapissa ses rochers avec tout le luxe et l’opulence d’une splendide végétation.

Croyez-en ce que bon vous semblera. Que les uns attribuent ce phénomène de la montagne à l’œuvre capricieuse d’un volcan ; que d’autres le représentent comme une des suites des bouleversements occasionnés par le déluge ; quant à nous, poètes chrétiens, nous acceptons la tradition, telle que les temps nous l’ont conservée. Et de fait, peut-il y avoir rien de plus poétique et de plus touchant ?

Les Romains, maîtres du monde, opulents aventuriers promenant par toute la terre les enseignes de leurs légions, s’arrêtèrent, frappés d’admiration, à la vue de ce mont.

Ils crurent, qu’à l’abri de ces rochers, protégés par ces murailles de granit, ils pourraient établir un séjour de délices, et, de même que dix-sept siècles plus tard, Napoléon pensa que les Al-