Page:Contes espagnols, trad. Contamine de Latour et Fouché-Delbosc, 1889.djvu/172

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pensateur, aucun besogneux ne se retirait sans être secouru.

Depuis lors, tous demandaient à voir et à baiser la main du saint, car le bruit courait que l’abbé ayant un jour blâmé le dispensateur de sa prodigalité sans limites, Bernard montra les greniers intacts et les coffres du trésor plus remplis.

Depuis lors le nombre des convertis s’était accru, car, par ses conseils, Bernard gagna à la religion du Christ une de ses parentes nommée Doraycela, de Lérida, et beaucoup d’autres Sarrasins de la même ville.

Un jour Bernard se présenta devant l’abbé et lui demanda sa bénédiction et la permission d’entreprendre un voyage.

— Où veux-tu aller, frère ? — lui demanda l’abbé.

— A Valence, à Carlet. J’ai là quelques frères dont je veux ouvrir les yeux à la lumière, et le cœur à la foi.

L’abbé lui donna sa bénédiction, mais la lui donna en pleurant.