Page:Contes espagnols, trad. Contamine de Latour et Fouché-Delbosc, 1889.djvu/173

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— Dieu fasse que tu reviennes ! Dieu fasse que tu ne trouves pas sur ton chemin la palme de la souffrance et du martyre !

— Que la volonté du seigneur s’accomplisse, — dit Bernard en prenant congé de l’abbé.

Bernard partit et arriva dans son pays. Son vieux père était mort, et son frère Almanzor était roi de Carlet. Il voulut voir ses sœurs Zaïda et Zoraïda. Toutes deux le reçurent en pleurant.

— Je vous porte à chacune une croix et un rosaire, — dit-il.

Et depuis ce jour, Zaïda et Zoraïda s’appelèrent Marie et Grâce ; mais ce qu’il avait obtenu de ses deux sœurs, il ne put l’obtenir de son frère Almanzor. Le cœur de celui-ci était dur comme un marbre. Il ne voulut recevoir aucun présent, écouter aucune parole.

— Je ne te connais pas, dit-il à Bernard ; — je ne sais qui tu es, renégat. Je peux seulement te dire que si tu ne retournes pas promptement vers ceux qui t’ont envoyé, la lumière du jour cessera de briller pour toi.