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Page:Contes espagnols, trad. Contamine de Latour et Fouché-Delbosc, 1889.djvu/28

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Pouyanne, saisi d’une inquiétude atroce, sortit lui-même à la recherche de Laure, et erra tout le jour, sans un moment de repos, et sans trouver sa fille ni recueillir sur elle le moindre indice.

La nuit le surprit près de Villefranche, sur la rive droite de la Nive. Les remords, ou, peut-être, un pressentiment fatal, ramenaient le terrible au théâtre de son crime.

Mais quand il arriva au pont de Proudines, la nuit était déjà complètement venue. Le seigneur de Pouyanne put voir alors, à la clarté de la lune, les têtes livides des chevaliers que, la nuit précédente, il avait fait attacher aux piliers du pont.

En effet, ces cinq victimes de l’implacable alcade se trouvaient encore là. À minuit les Basques devaient venir recueillir leurs corps pour les ensevelir chrétiennement.

Le seigneur de Pouyanne, malgré la dureté de son cœur, ne put s’empêcher de frémir.

Mais, Dieu saint ! Quelle est la femme vêtue de blanc, qui appuyée sur la rampe du pont contemple les malheureux attachés aux piliers ?