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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/106

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CONTES SECRETS RUSSES

chez ses patrons. Un jour le pope alla avec son ouvrier faire la fenaison à dix verstes de chez lui. Arrivés dans la prairie, ils se mirent à l’ouvrage et chargèrent deux chariots. Tout à coup un troupeau de vaches s’approcha du foin ; s’armant d’un gourdin, le pope s’élança vers ces animaux, les chassa au loin, et revint, tout en sueur, auprès du Cosaque. Ayant fini leur travail, ils se disposèrent à retourner chez eux. L’obscurité les surprit en route. « Vanka, » dit le pope, « ne vaut-il pas mieux que nous logions au prochain village, chez Gvozd ? C’est un bon moujik, et sa cour est couverte. — Bien, batouchka », répondit Vanka. Ils se rendirent au village, demandèrent et obtinrent la permission de loger chez le moujik. Le Cosaque entra dans l’izba, fit une prière et, après avoir salué le maître de la maison, lui dit : « Écoute, patron, au moment du souper, dis : Asseyez-vous, vous tous qui êtes baptisés ; si tu dis au pope : Assieds-toi, père spirituel ! tu le blesseras et il ne voudra pas se mettre à table ; il n’aime pas qu’on l’appelle ainsi. » Pendant ce temps le pope dételait les chevaux ; à son apparition dans l’izba, le paysan ordonna à sa femme de servir le repas et, quand tout fut prêt, il dit : « Mettez-vous à souper, vous tous qui êtes baptisés ! » Tout le monde prit place à table, sauf le batouchka qui s’assit sur un banc ; il s’attendait à recevoir une invitation particulière, mais son espoir fut trompé. Lorsqu’on eut fini de souper, le maître de la maison dit à l’ec-